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Longtemps considéré comme suffisant, l’antivirus montre aujourd’hui ses limites face à des attaques de plus en plus discrètes et progressives. L’EDR (Endpoint Detection and Response) introduit une approche différente, fondée sur l’observation continue des comportements. Pour les TPE et les indépendants, comprendre cette différence devient un préalable pour protéger son activité, ses données et sa relation client.

Les hackers n’oublient pas les TPE

Les incidents informatiques ne concernent pas seulement les grandes entreprises. Selon l’édition 2025 du baromètre Cybermalveillance.gouv.fr, 16 % des TPE/PME ont subi un incident au cours des 12 derniers mois. Les pirates informatiques savent que les sociétés de taille plus réduite disposent de moins de temps, de moyens et de compétences que les grands groupes pour se prémunir contre les virus, les e-mails frauduleux, les pages web malveillantes ou d’autres tentatives d’intrusion. Une simple boîte mail ou un ordinateur mal protégé suffisent parfois à un attaquant pour bloquer toute l’activité, comme lorsqu’un artisan ne peut plus ouvrir ses devis ou qu’un commerçant perd l’accès à son logiciel de caisse.

Quelle est la différence entre un EDR et un antivirus ?

Traditionnellement, les entreprises utilisaient l’antivirus comme premier rempart à cette menace. Un antivirus s’appuie sur une base de données de menaces déjà identifiées. En pratique, il compare chaque fichier présent sur l’ordinateur avec cette liste de virus connus, que l’on appelle des signatures. Lorsqu’il reconnaît un fichier dangereux, il le bloque ou le supprime.

Ce fonctionnement reste efficace pour stopper les tentatives d’intrusion basiques (une pièce jointe infectée reçue après une fausse commande ou un prétendu avis de livraison), mais il montre ses limites face aux méthodes plus récentes.

Les attaques actuelles se déroulent en effet souvent en plusieurs étapes. Un pirate informatique peut entrer par un e-mail piégé, rester discret pendant plusieurs jours, le temps de collecter un maximum d’informations sur l’environnement informatique, puis déclencher le chiffrement des données ou leur vol, par exemple les coordonnées bancaires, les fichiers de facturation ou les carnets de commandes. L’antivirus, qui agit surtout au moment où un fichier dangereux apparaît, ne voit pas toujours ces phases intermédiaires.

L’EDR, une autre définition de la sécurité

La principale différence entre l’EDR (Endpoint Detection and Reponse) et l’antivirus est qu’il ne se limite pas à une simple liste de virus connus. Il observe en permanence ce qu’il se passe sur votre ordinateur. Il repère les actions inhabituelles, comme un programme qui modifie soudainement un grand nombre de fichiers (ce qui correspond typiquement au chiffrement massif de devis, factures, photos de produits ou dossiers clients), ou qui communique de manière anormale avec l’extérieur.

Même lorsqu’aucun virus n’est identifié, l’EDR peut déclencher une alerte dès qu’un comportement paraît suspect.

Quand une activité dangereuse est détectée, l’EDR peut couper automatiquement votre ordinateur du reste du réseau. Cette réaction empêche l’attaque de se propager aux autres postes, aux éventuels serveurs ou aux sauvegardes, par exemple celles utilisées pour la comptabilité ou la gestion des rendez-vous. L’utilisateur peut continuer à travailler localement pendant que l’incident est analysé, ce qui limite fortement le risque d’un arrêt total de l’activité, comme dans un commerce ouvert au public ou un cabinet recevant des clients.

L’EDR conserve également l’historique des actions réalisées sur l’ordinateur. En cas d’incident, il permet d’identifier rapidement l’origine du problème et les fichiers concernés. Cette visibilité permet de gagner un temps précieux dans la résolution de l’incident, même sans spécialiste interne. Le professionnel peut aussi être accompagné à distance par un prestataire qui intervient à partir des informations fournies par l’outil.

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Pourquoi l’EDR fait la différence pour les TPE et indépendants

Les EDR récents sont conçus pour être installés en quelques minutes, le plus souvent sous la forme d’un simple logiciel. Pour plus de simplicité, la licence peut même être intégrée à votre service d’accès internet. C’est ce que propose par exemple notre Bbox Pro Evolutive. L’EDR fonctionne ensuite en arrière-plan, sans perturber le travail quotidien. Aucun matériel spécifique n’est nécessaire. Cette simplicité correspond aux contraintes des petites structures, qui gèrent souvent seules leur informatique entre deux clients, deux chantiers ou deux livraisons.

Par ailleurs, les assureurs estiment de plus en plus souvent que l’antivirus seul ne suffit plus pour limiter les risques informatiques. Certains contrats exigent désormais la présence d’outils de surveillance plus avancés sur les postes de travail.

Ces exigences influencent directement les choix d’équipement des TPE et des indépendants qui souhaitent être correctement couverts et éviter un refus d’indemnisation après un blocage de leur système de facturation.
Enfin, lorsqu’une attaque atteint son objectif, elle peut générer des frais immédiats très élevés. Elle peut par exemple empêcher l’accès aux fichiers pendant plusieurs jours, bloquer la facturation ou interrompre la relation client, notamment pour un commerçant qui ne peut plus encaisser ou un indépendant qui ne peut plus envoyer ses factures.

La remise en état nécessite souvent l’intervention de spécialistes, la restauration de sauvegardes et parfois le remplacement du matériel. Le coût total dépasse fréquemment celui d’un dispositif de sécurité mis en place en amont.

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En bref, l’antivirus constitue un premier niveau de protection utile, mais il ne suffit plus pour réduire le risque d’attaque informatique, face aux techniques modernes qui avancent de manière discrète et progressive. L’EDR apporte une surveillance continue, une capacité de réaction rapide et une meilleure compréhension des incidents. Pour les TPE et les indépendants, il représente une solution plus adaptée que l’antivirus pour limiter les interruptions d’activité, protéger les données et réduire les impacts financiers d’un incident informatique.

EPP, EDR, XDR, MDR…  le lexique de cybersécurité pour comprendre « l’après antivirus »

  • SIEM – Security Information and Event Management : collecte et analyse en temps réel les événements de sécurité de tous les systèmes pour détecter les anomalies et générer des alertes.
  • EPP – Endpoint Protection Platform : utilise l’analyse de signatures et l’intelligence artificielle pour bloquer les attaques connues sur le poste de travail avant leur exécution.
  • EDR – Endpoint Detection and Response : surveille le comportement du poste de travail pour identifier et neutraliser les menaces furtives et inconnues.
  • NDR – Network Detection and Response : se concentre sur la détection et l’analyse du trafic réseau (au lieu du seul poste de travail) pour identifier les menaces et les mouvements latéraux. Intégré souvent dans les solutions XDR.
  • XDR – Extended Detection and Response : élargit l’EDR en corrélant les données de sécurité de plusieurs sources (poste de travail, réseau, cloud, e-mail) pour une vue et une réponse unifiées.
  • MDR – Managed Detection and Response : service externalisé où une équipe de spécialistes (SOC) surveille, gère et répond aux alertes EDR/XDR pour vous.
  • SOC – Security Operations Center : l’équipe qui utilise l’EDR/XDR/SIEM pour surveiller la sécurité 24/7 et mener la réponse à incident.
Benjamin Laygnez
Benjamin Laygnez
Responsable marketing data, cloud et cybersécurité